temps, et qu’il faut s’attendre aux incommodités ordinaires de l’humanité : Dieu est le maître, je suis soumise à ses volontés. Il ordonne à Monsieur le chevalier d’aller chercher des forces à Balaruc ; je suis persuadée qu’il ne sauroit mieux faire : vous serez fort aise de le voir à Grignan, et cette pause lui fera autant de bien que les eaux : voilà une bonne et aimable compagnie que vous aurez. Quand il plaira à la Providence que vous ayez encore votre mère et votre fils, je l’en remercierai comme d’une grâce précieuse, mais que je n’ose envisager de si loin. Je trouve plaisant que Mme de Bagnols, qui a laissé ce petit garçon enfant, le retrouve un homme de guerre, tout accoutumé, tout délibéré, tout hardi, qui se jette à son cou et qui l’embrasse : le voilà donc parfait ; il ne lui falloit que ce degré de liberté et de familiarité il étoit timide, il ne l’est plus : qu’il est aimable ! qu’il prend un bon chemin ! Dieu le conserve ! il faut toujours en revenir là. Mme de la Fayette écrira à M. de Boufflers :il ne trouve [1]partout que des amis; d’abord ce sont les vôtres, et puis ce seront les siens[2] On me mande que Monsieur le chevalier part aujourd’hui, j’en suis ravie.
Je demande pardon à Dieu, mais le retour de M. de Lavardin me donne une grande joie[3]. je comprends tout le plaisir que vous fait Avignon, c’est la Providence qui vous donne un tel secours.[4] Je suis tout occupée de vous
1689
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- ↑ 4. « Votre enfant ne trouve, etc. » (Édition de 1754.) Le marquis de Boufflers était gouverneur de la Lorraine et du Barrois :voyez tome VIII, p. 72, note 3. Il avait été nommé à la fin du mois de février précédent, pour servir en Allemagne, en qualité d’officier général, sous le maréchal de Duras (voyez tome VIII, p. 472, note 21). Voyez le Journal de Dangeau, au 26 février 1689.
- ↑ 5. Ce sont les siens (Edition de 1754.)
- ↑ 6. Voyez la lettre du 18 mai précédent, p. 58 et la note 15.
- ↑ 7. Ce dernier membre de phrase « c’est la Providence, etc., » manque dans l’édition de 1737.