Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/95

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si peu que la Pentecôte est passée ! Il faut croire que la place[1]10 que vous tenez demande ces démonstrations ; car sans cela je ne vous croirois pas plus dévote que saint Louis, qui ne communioit que cinq fois l’année[2]. On demanda aigrement à la Chaise où il avoit pris cela : il fit voir un manuscrit d’un des aumôniers de ce roi, qui est dans la bibliothèque de Sa Majesté[3]. Enfin, ma fille, vous savez mieux que personne votre religion et vos devoirs : c’est une grande science.

Vous êtes à Grignan ; je souhaite que vous y dormiez mieux qu’à Avignon, où vous n’aviez pas ce loisir. Je crains, en vérité, que vous n’en soyez malade ; parlez-moi toujours beaucoup de vous[4]. J’ai bien envie de savoir





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  1. 10. « II y a si peu que la Pentecôte est passée, qu’il faut apparemment que la place, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 11. Voyez la lettre du 9 mars précédent, tome VIII, p. 515 et note 12. Notre manuscrit s’arrête ici et ne donne pas la suite de la lettre.
  3. 12. Il s’agit de la Vie mon Seigneur saint Loys, dont l’auteur est qualifié, non pas précisément « un des aumôniers du Roi, » mais confesseur de la reine Marguerite, femme de saint Louis. Au chapitre VI, intitulé « De sa dévocion au Cors nostre Seigneur recevoir, » on lit ce qui suit « Li benoiez Sainz Loys esboulissoit (bouilloit) de fervant dévocion que il avoit au sacrement du vrai Cors Nostre-Seigneur Jhesu-Crist ; car trestouz les anz il estoit accomenié (il recevait la communion) à tout le moins six foiz : c’est à savoir à Pasques, à Penthecouste, à lassoncion de la beuoiete Virge Marie, à la Touz-Sainz, à Noël et à la Purification Nostre-Dame, et aloit recevoir son Sauveur par très grant dévocion.-— La Bibliothèque impériale ne possède aujourd’hui que deux manuscrits de l’ouvrage du confesseur de la reine Marguerite : le premier, copié au quatorzième siècle, et portant le n° 5722 du fonds français, a été acquis en 1718 ; le second, copié au quinzième siècle (n° 5716 du même fonds), n’est entré à la Bibliothèque qu’en 1733. Nous ignorons quel peut être le manuscrit que la Chaise « fit voir dans la bibliothèque de Sa Majesté, » où rien ne nous apprend qu’il s’en trouvât un au dix-septième siècle.
  4. 13. Ce dernier membre de phrase n’est pas dans l’édition de 1754.