Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/97

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vois et je vous entends : vous étiez trop aimable et trop plaisante. Si la santé peut donner de telles espérances, je puis les avoir ; mais Dieu sait si je veux autre chose que sa volonté ; l’inutilité des souhaits nous devroit toujours ramener à cette soumission. Je fais toujours ici la vie douce et tranquille que vous savez : une entière liberté, une bonne société, bien de la lecture, encore plus de promenades solitaires ; et ainsi les jours se passent fort différemment[1] d’Avignon, mais convenablement, selon la différence de nos destinées. Mon fils s'en ira dimanche à Rennes, où il tiendra une bonne table, et ce sera peut-être toute la guerre. M. et Mme de Chaulnes sont à Saint-Malo : ils ont fort envie de me voir. Il semble que nous n’ayons plus tant de peur du prince d’Orange ; peut-être même que ces régiments de noblesse, car il faut parler correct[2]18, n’iront pas plus loin que Rennes : ainsi toute la guerre tombera sur votre pauvre frère.[3] J’embrasse tendrement ma très-chère Comtesse, et je dis, ce me semble, bien des choses à Monsieur le chevalier. Quoi ? il est à Grignan ! quoi ? il n’est plus dans cette petite chambre ! quoi ? il vous voit, il cause avec vous! que je le trouve heureux, malgré ses malheurs ! J’avois écrit à Mlle de Méri sur la maladie de son frère<ref>20. On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 6 juin 1689 :</ref name=p91> : elle me mande

    Des plus honnêtes gens l’élite. Enfin, pour faire eu peu de mots Comprendre quel fut son mérite, Elle eut l’estime de l’Enclos. Note de l’édition de 1818.) La fin de la phras« « vous étiez trop aimable, etc., » n’est pas dans l’édition de 1754.

  1. 17. « Bien différemment. » (Édition de 1754)
  2. « Correctement. » (Ibidem.)
  3. 19. Ce dernier membre de phrase « ainsi, etc., » n’est pas dans l’impression de 1787, qui n’a pas non plus la fin de l’alinéa, à partir de « J’avois écrit. »