Page:Sévigné Lettres édition Capmas 1876 tome 1.djvu/202

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186 INTRODUCTION. dans laquelle ils n’0nt vu sans doute qu’une erreur du copiste, sullisamment prouvée par le témoignage una— ' nime des anciennes impressions. Ce jugement nous paraît sévère, et la lecon exclue méritait tout au moins, ce nous semble, d`être signalée. Nous inclinons même à croire que c'est la vraie lecon, et voici nos raisons : Mme de Sévigné, dans le membre de phrase en ques- tion, exprime deux idées : une idée principale,-- lïdée du moment, l`idée qui domine son esprit et qu'elle dé- veloppe dans la phrase suivante, ——- savoir, la peine qu’elle éprouve, par suite de son ignorance des lieux, de ne pouvoir se représenter sa fille aussi bien qu`elle ' le faisait quand celle-ci était à Grignan; puis une idée secondaire, idée habituelle qui se présente à son esprit à Foccasion de la première, idée qui lui est chère et qui, sous mille formes diverses, revient à chaque instant dans ses lettres, savoir, que sa fille est toujours pré- sente a sa pensée et que, grace a son imagination, elle l`a constamment devant ses yeux. Cette dernière idée, bien peu de mots ont sufii pour la rendre, et il serait dillicile de lui trouver une forme plus concise : « mon imagination vous conserve à ma vue ». Est-ce un g1‘OS• sier copiste qui a trouvé cette forme, et 11’€S[-CG pas là, au contraire, un de ces traits, un de ees tours particu- liers, une de ces expressions trouvées qui caractérisent le style de notre illustre écrivain? Nous laissons le lecteur juge. Sur un texte oü tant d`autorités sont contre nous, il serait mcsséant peut-être d’être trop ai`- [irmatil`; mais , à part même le témoignage de notre