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LEÇONS ÉLÉMENTAIRES

Après l’enlèvement de la récolte, il reste dans le sol les racines qui portaient les plantes, et fréquemment la quantité d’azote contenue dans ces racines, sans être aussi considérable que celle de la plante proprement dite, est cependant fort grande.

La matière organique de ces racines subit l’action destructive des microbes qui forment l’humus. Mais il arrive toujours que certains microbes dépassent le but et brûlent trop profondément la substance végétale en dégageant de l’azote gazeux, qui retourne à l’atmosphère et se trouve désormais perdu pour la terre. Cette perte atteint environ de l’azote total de la matière.

Dans l’intervalle qui sépare l’enlèvement des récoltes de la culture consécutive, l’humus du sol continue à se modifier. Si la nitritication est peu active, une certaine quantité de l’ammoniaque produite se dégagera à l’air en pure perte. Si, au contraire, la terre nitrifie rapidement, il se formera des nitrates abondants ; mais, en l’absence de végétaux capables de s’en nourrir, ils seront emportés par les eaux pluviales et iront inutilement aux rivières et à la mer.

À Rothamsted, un champ de blé perdait ainsi annuellement par le drainage 17 à 20 kilogrammes d’azote nutritif.

Voilà donc des causes nombreuses et superposées de déperdition d’azote :

1° L’azote qu’enlèvent les récoltes, soit 30 à 300 kilogrammes par hectare ;

2° L’azote dégagé à l’état gazeux pendant la destruction lente des résidus végétaux ;

3° L’azote éliminé à l’état d’ammoniaque dans l’atmosphère des champs ;

4° L’azote emporté par le drainage sous la forme de nitrates.

Il est assez difficile d’apprécier d’une manière même approchée les pertes dues à ces trois dernières causes ;