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DE CHIMIE AGRICOLE.

seur de terre, tandis, qu’en réalité, les racines s’enfoncent à des profondeurs beaucoup plus grandes et vont demander leur nourriture au sol vierge et au sous-sol, dont la richesse azotée est loin d’être négligeable ?

Ainsi, dans certaines prairies de Rothamsted, la couche supérieure de terre, épaisse de 23 centimètres, celle correspondant au sol actif dont nous parlions, contenait à l’hectare 6,400 kilogrammes d’azote.

Une couche égale placée au-dessous en renfermait 2,800 kilogrammes.

Enfin dans une épaisseur de 1 mètre, située sous ces deux premières couches, on trouvait 6,500 kilogrammes d’azote. Au total, la quantité d’azote contenu dans le champ sur une hauteur de 1m46, atteignait 14,600 kilogrammes, au lieu de 6,000 qu’indiquerait le calcul borné au sol actif tout seul.

Les terres noires de Russie, qui conservent une composition semblable sur une profondeur moyenne de 90 centimètres, contiennent ainsi par hectare de 40 à 50,000 kilogrammes d’azote qui, en réalité, peuvent tous concourir à l’alimentation végétale.

Causes de déperdition d’azote. — Supposons la terre livrée à une culture normale : la végétation s’y développe prenant son azote à la terre, puis on enlève la récolte pour la consommer ailleurs. On prend ainsi au sol des quantités d’azote qui varient beaucoup avec la nature des récoltes et avec leur poids absolu. Elles sont comprises entre 30 et 300 kilogrammes par hectare : 30 à 40 kilogrammes pour les plantes peu exigeantes en azote, comme l’avoine ; 250 à 300 kilogrammes, pour la luzerne.

Une certaine dose d’azote provient sans doute de la fixation par les feuilles de l’ammoniaque atmosphérique, mais nous avons fait observer antérieurement que cette dose était peu importante.