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de voyage.

du reste, à ne plus craindre un enlèvement et porte dans sa poche deux petits pistolets mignons dont elle sait faire, assure-t-on, un admirable usage.

20 septembre 1852.
En mer.

« Nous voilà de nouveau en mer et cette fois pour longtemps. — Nous avons quitté les côtes de la Malaisie pour entreprendre une des plus grandes traversées, sans toucher à aucune terre jusqu’à notre arrivée au cap de Bonne-Espérance. Ce sont 2200 lieues marines à parcourir ou 120 degrés de longitude ; rien que çà !

« L’Arche d’Alliance devrait être nommée l’Arche de Noé à bien plus juste titre, sans compter les animaux et les hommes de toute espèce qu’elle a reçus dans son sein. Elle est l’asile de toutes les infortunes, particulièrement des naufragés. D’abord notre lieutenant, provenant de la Séricule, qui l’avait recueilli à Panama, après le naufrage des Trois-Frères ; secondement, le charpentier de la Henriette, qui s’était perdue d’une manière si absurde à l’entrée de San-Francisco pendant que nous y étions ; troisièmement, deux matelots anglais que nous avons pris à Batavia et qui avaient naufragé sur un navire hollandais à Prince-Island ; enfin, si nous étions retournés à Chang-haï, le capitaine devait prendre là un contre-maître et un des marins d’un autre navire qui s’était perdu sur la côte de la Corée.

21 septembre 1852.
En mer.

« Mes idées commencent à devenir un peu plus claires ; je suis sur pieds ; mais quand pourrai-