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vani, rédigé par Alex. Dumas. Feuilleton du Siècle, mai 1855.)

Mais continuons les annotations de notre ami :

Honoloulou et ses habitants.

« Le port d’Honoloulou peut contenir jusqu’à deux ou trois cents navires.

« La ville offre un mélange de sauvagerie et de civilisation naissante, qui lui donnent un aspect singulier. Les Hawaïens qui assassinèrent Cook, ne sont plus là ; le peu qu’il reste de cette race si belle, si fortement constituée, se traîne et languit. Bien des voyageurs l’on répété avant moi, c’est le poison de la civilisation que nous leur apportons, le vin, le brandy et les vices de toute espèce. Les sauvages sont des enfants et des enfants déraisonnables. Ignorant le bien comme le mal, ils suivent la voie dans laquelle on les dirige et se laissent facilement entraîner. Et qui se charge de leur apporter ces bienfaits tant vantés ? Des matelots, américains-baleiniers, qui infectent le sang le plus pur. Les biens que leur offrent la religion et ses ministres sont loin de compenser ces maux. Tout le monde le sait et pourtant ce sera toujours ainsi tant qu’il y aura de nouveaux peuples à exploiter.

« En attendant, la race qui s’éteint est remplacée par une population mixte, provenant du mélange avec les étrangers. Ce sont les métis. Elle est encore belle cette race, mais elle a hérité des vices de ses pères, et son sang ne se purifiera qu’après plusieurs générations. Les métis ont la physionomie ouverte, très-intelligente,