Page:Sabin Berthelot Journal d un voyageur 1879.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
de voyage.

vées. C’est le glaive de la justice et l’instrument des vengeances. La lame en est toujours finement trempée. Les fabriques de kriss les plus renommées sont celles des Battaks de Sumatra, des Dayaks de Bornéo et celles des naturels des Célèbes. Cette lame affecte une multitude de formes, il y en a de flamboyantes, de droites, de recourbées ; elles sont souvent empoisonnées avec des sucs caustiques de plantes vénéneuses qu’enfante le climat brûlant de la Malaisie ; il en est dont la simple piqûre donne la mort presque instantanément. — Le kriss est aussi une arme de luxe, la poignée et le fourreau sont plus ou moins ornés, fait de bois précieux, suivant la richesse du propriétaire. Le Rajah de Lombok en possède un dont le fourreau est en or massif et la poignée enrichie de pierreries. Il a coûté 5.000 piastres. En un mot, c’est fin, brillant, magnifique ; mais ça tue.

Le Vérak.

« Le Rajah a un visir qui s’appelle le Vérak. Nous le vimes un soir chez M. Freyss. C’est un homme de 55 à 60 ans, de taille moyenne, à moustaches blanches assez fournies, ses yeux sont injectés, son regard est brillant et aigu comme celui d’un tigre et pourtant on remarque beaucoup de bienveillance dans ses traits. Ce Vérak remplit, à Lombok, les fonctions de grand juge. Quand un crime a été commis, vol, adultère ou assassinat (d’une classe supérieure à une inférieure, le meurtre n’est pas réputé crime et un Ida peut tuer un Gusti), on s’empare du coupable et on l’amène devant le juge, dans la mai-