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son de l’accusé. La peine de mort est toujours le résultat de la condamnation. Le premier venu exécute la sentence avec son kriss. Chacun se dispute cet honneur, c’est le moyen d’essayer sa lame. Ces exécutions expéditives ont lieu sir le bord de la mer, à peu de distance d’Ampanam. Les cadavres restent gisants sur le sol et deviennent bientôt la proie des chiens, d’affreux chiens malais, jaunes, sans queue et difformes, de vrais incarnations du démon.

« Cependant, on ne tue pas toujours avec le kriss. Pour l’adultère on noie : la femme et son amant sont liés ensemble et on les jette à l’eau.

« Quelquefois le Vérak a des fantaisies et se plait à inventer un nouveau supplice. Il lui est arrivé de condamner deux femmes à être dévorées par les caïmans ou bien de faire écorcher un pauvre diable qu’on suspend ensuite par la peau retournée jusqu’à mi-corps et ramenée sur la tête comme un sac, jusqu’à ce que mort s’en suive.

« Et ce Vérak a une charmante petite fille qui lui tire la moustache, qu’il fait sauter sur ses genoux, qu’il dévore de caresses, à laquelle il lave la figure avec la plus parfaite bonhommie. Ce Vérak nous a reçus chez lui avec une grande affabilité, nous a offert à déjeuner, nous a porté la santé avec du vin de France… Qu’on arrange ça comme on voudra. « En me rappelant cette petite fille que le Vérak de Lombok aime tant, dont il raffole et qu’il dévore de caresses, je n’ai pas entenu parler de baisers et je dois ici une explication :