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de voyage.


  Quel nom donner à cet atôme.
  Zéro de temps, mythe ou fantôme,
  Entre deux néants emporté ?
  Hier n’est à l’heure où nous sommes,
  Pas plus que demain pour les hommes.
  C’est un point dans l’éternité !

  Nul ne sait si l’instant qui passe
  Disparaît sans laisser de trace
  Au cadran des formations…
  En vain nous comptons nos années.
  Elles meurent à peine nées,
  Hier… demain… illusions !

  Tout se meut dans un cercle immense
  Au centre duquel tout commence.
  Pivot où tournent tous les jours,
  Point où se fixe l’œil des sages,
  Point d’intersections des âges,
  C’est le présent et c’est toujours.

  Le monde suit ses destinées ;
  Dieu n’a pas compté les années
  Depuis qu’il lui donna l’essor ;
  Pour lui le temps est chose vaine ;
  Il ne créa qu’une semaine,
  Le septième jour dure encor !

29 janvier 1852.
En mer.

« Nous sommes en vue du Japon ; les côtes sont embrumées et nous pouvons à peine distinguer leur contour. Pourtant nous sommes tous sur le pont, les yeux avidement tournés vers ce pays dont on raconte tant de merveilles. Mais le rideau de brume est là qui nous voile l’horizon. Victor Hugo a dit avec beaucoup de justesse : C’est déjà une chose curieuse qu’un mur derrière lequel il se passe quelque chose. »

« Nous voilà maintenant au milieu de petites îles dont l’amiral Cecile a relevé la position et