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Page:Sacher-Masoch - A Kolomea - Contes juifs et petits russiens, 1879.djvu/129

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LES AMOURS

D’ADAM KOSABRODZKI



Il passait si notoirement pour un philosophe que, lorsque j’eus l’occasion de faire sa connaissance chez madame Majewska, mon étonnement n’eut plus de limites. Le type socratique n’est pas rare dans nos contrées. On y rencontre jusqu’à des paysans qui ressemblent d’une manière frappante au portrait qu’on nous fait du mari de Xanthippe. Je m’attendais donc à voir quelque personnage dans ce genre, à la mise négligée, à la pose pleine de solennité, un de ces hommes d’esprit enfin, habitués à faire valoir leurs talents dans un milieu restreint, dans un petit groupe d’élus qui ne les admirent, en somme, que par convention ou parce qu’ils ne les comprennent pas. Jugez de ma surprise lorsque je me trouvai en présence d’un jeune et joli blondin, aimable, insouciant, naïf de cœur et d’esprit, et vêtu à la dernière mode.

Je me promis, par conséquent, de l’étudier à mon aise et de découvrir ce qu’il pouvait bien y avoir de philosophie dans ce petit gandin aux mains fines et soignées, et