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MAGASSE LE WATACHEKO.

À ces mots, le seigneur lui lança un regard empreint d’une certaine considération.

« Esprit cultivé, pensa-t-il, mais quelque peu romanesque. »

Au même instant la porte s’ouvrit, livrant passage au Cosaque ramenant Kwitka.

« Eh bien ! qu’est-ce que c’est ? demanda le seigneur.

— Je l’ignore. On m’a enlevé mes chevaux. »

M. Adam jeta un coup d’œil sur sa femme et garda le silence.

« Viens ici ! » dit la baronne.

Le paysan ne bougea pas.

« Pourquoi ne t’approches-tu pas ?

— Madame me prendra par les cheveux, répondit Kwitka.

— Iras-tu à la forêt ?

— Comment me serait-ce possible ? mes chevaux sont hors d’haleine. Ils périront

— Tu persistes dans ton obstination. Que dirais-tu si je te confisquais tes chevaux ?

— J’irais déposer une plainte contre vous.

— Bon ! Le supplice du banc paraît te sourire. Petienko, étends-le par terre, et…

— Pour l’amour de Dieu, madame, gémit Kwitka, réfléchissez…

— Veux-tu encore déposer ta plainte ? cria la baronne secouant la cendre de son cigare.

— Non !

— Et iras-tu à la forêt ?

— Impossible !

— Allons, qu’il aille à tous les diables ! cria le seigneur ; enlevez-lui ses chevaux et jetez-le à la porte !