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À KOLOMEA.

Un jour, Markus Jolles le marchand, vint chez Blauweisz lui demander un conseil. Blauweisz n’étant pas à même de le satisfaire, tortillait sa longue barbe, ce qui était chez lui le signe d’un très grand embarras, lorsque Pintschew se leva modestement et prit la parole.

« Les grands talmudistes, dit-il, depuis Maimonides jusqu’à Jacob Ben Ascher, permettent pendant les fêtes de Passah ces différentes sortes de légumes, les pois, les haricots, les lentilles, le mil et le riz. Ils vont jusqu’à affirmer que celui qui s’abstient d’en manger est un insensé. Cet usage ne s’est établi que chez les juifs polonais et chez les Allemands. Les Israélites des autres nations mangent, durant les fêtes de Passah, toute espèce de légumes sans aucun remords.

— Cependant, n’est-il pas écrit dans le livre Beth Joseph que les légumes sont interdits ? demanda Markus Jolles.

— Pardon, reprit Pintschew. Le livre Beth Joseph ne traite pas cette question. C’est dans les préceptes du rabbin Mases Israël que vous avez lu les lignes suivantes :

« Il y a des gens qui interdisent l’usage des légumes durant les fêtes de Passah. » Or, qui sont ces gens ? Des fous, disent les talmudistes, car dans le troisième livre de Moïse, 12-14, il est écrit : « Vers le quinzième jour du premier mois, vous mangerez du pain sans levain. » Et dans la Mischna Tractat Pessachim on lit : « Or, voici les céréales dont vous ferez votre pain sans levain, c’est-à-dire le magoth : l’orge, l’avoine, l’épeautre, etc. » Le Talmud demande : « Est-il possible de prouver par la Thora que ces céréales seules sont permises et que le pain sans levain ne doit être fait de riz ou de froment ? »