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L’ENNEMI DES FEMMES

ces volontés que je soumets m’enseigneront-elles à vaincre son orgueil ?

Elle prit avec un soupir les lettres et les journaux arrivés pendant son absence, les parcourut avec distraction, jusqu’à ce qu’une petite écriture la réveillât tout à coup.

— Que veut Petrowna ? se dit-elle. Ah ! c’est une bonne idée qu’elle a eue de m’écrire ! Son image s’ajoute à tous mes enchantements pour les prolonger.

Elle déchira l’enveloppe et lut ce qui suit :

« Mon bel ange gardien,

» Il se passe ici quelque chose d’extraordinaire. Papa veut donner une fête à Slobudka. Maman, qui vient de recevoir de France une robe neuve, ne voit aucun inconvénient à ce projet. Léopoldine est ravie. Le major assure qu’un bal à Slobudka fera le plus grand honneur à la famille Pirowski. M. Melbachowski, qui veut jeter de la poudre aux yeux de Léopoldine, se charge du feu d’artifice. M. Barlet fera la liste des invitations, et M. Diogène allumera les lanternes.

» Viendrez-vous ? Que dites-vous de cette idée ? Faut-il faire manquer la fête par une catastrophe, par un meurtre, un suicide, un incendie ?

» J’ai peur de ce bal qui veut annoncer à l’univers que papa a deux filles à marier. J’ai peur de savoir que M. Diogène applaudit à ce projet ; que c’est lui qui l’a suggéré en grande partie ; qu’il s’est char-