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L’ENNEMI DES FEMMES

de l’emploi de maréchal de bal, garantissant que tout se passerait à la vieille mode polonaise. J’ai peur de moi qui vais être obligée d’être aimable. Écrivez-moi, rassurez-moi, conseillez-moi, et surtout promettez-moi de venir.

» J’oubliais de vous dire que M. Constantin n’a réclamé aucun emploi. Il se contentera de danser. Sa modestie me rassure ; mais elle pourrait devenir bien exigeante, si elle se bornait à me faire toujours danser, et à ne danser qu’avec moi.

» Je vous embrasse, mon bel ange ;

» Votre démon,
» Petrowna. »

Nadège s’empressa de répondre à sa jeune amie :

« Monsieur Pirowski est un gentilhomme de génie. Le bal est une idée sublime. C’est notre champ de bataille à nous autres femmes. Il faudra bien que nos ennemis y mordent la poussière, à deux genoux ; faites-vous belle, soyez aimable et ayez confiance.

» Je ne vous promets pas d’aller danser. J’ai les pieds lourds, depuis que j’ai les mains agiles à écrire. Je m’imagine d’ailleurs que ce bal n’aurait de pièges que pour moi. Ce sera une première victoire, que de déjouer sur ce point les calculs de notre grand ennemi.