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L’ENNEMI DES FEMMES

» Mais j’irai voir votre toilette, la veille, et vous viendrez tout me raconter le lendemain.

» Je baise vos cheveux blonds pendant qu’ils sont encore nattés. Plus tard je les bénirai.

» À bientôt.

» Votre autre mère,
» Nadège Ossokhine »

Madame Ossokhine, malgré les instances de la famille Pirowski, persista dans son refus de venir à la fête projetée ; mais elle persista également dans l’applaudissement accordé à ce projet.

On verra si son génie féminin l’avait trompée en laissant le champ libre à Diogène.

Pendant trois jours, le château fut en rumeur, agité par des apprêts magnifiques. On avait fait venir des cuisiniers de la ville. On sortit du fond des armoires l’argenterie deux fois séculaire, et nous verrons par un regard rapide à travers les somptuosités du programme que Diogène avait eu un crédit sans limites.

C’était bien une bataille qui se préparait ; rien n’y manquerait, ni l’artillerie des yeux et des sourires, ni les armes réelles. Toute cette société, ardente au plaisir, se disposait au bal comme à une sorte de volupté guerrière.

Enfin, le grand jour arriva.

Vers cinq heures, le défilé des voitures venant du chef-lieu et de celles qui arrivaient au galop,