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L’ENNEMI DES FEMMES

reux ! Disons à la décharge de Constantin qu’il ignorait tout ce qu’il devait aux excellents conseils de la directrice de la Vérité. Mais il avait, malgré lui, pendant qu’il attendait l’aveu de Petrowna, accueilli les préventions de Diogène contre madame Ossokhine. Il avait cru longtemps à une rivalité, à une hostilité, dans cette infaillible amie, et son bonheur était encore trop récent pour qu’il fût devenu impartial ou généreux.

M. Pirowski était ravi de son futur gendre. Peut-être, dans le premier moment, lui sut-il moins de gré de ce qu’il avait choisi sa fille que de ce qu’il l’avait proclamée sa fiancée selon la vieille mode polonaise.

Il avait fait mettre dans un buffet, comme une coupe précieuse, le soulier de bal de Petrowna, se réservant de le faire figurer, en ornement essentiel, au repas solennel des noces.

Madame Pirowska tenait moins aux coutumes antiques, et dans l’accueil qu’elle fit à Constantin, on sentait une protestation indirecte contre ces mœurs barbares. Jamais en France, où régnait, depuis plusieurs siècles, la fine loi de la galanterie, on ne se fût avisé de boire dans une chaussure.

— J’espère bien, monsieur Jablowski, dit-elle à Constantin, quand il sollicita son consentement, j’espère que vous rendrez ma fille heureuse… à la mode française.

Constantin, dans ce moment-là, avait le cœur