Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
L’ENNEMI DES FEMMES

assez agrandi, pour en faire le Panthéon de toutes les amours. Il promit tout ce que la sollicitude maternelle et précieuse de madame Pirowska exigeait ; mais quand, plus tard, il vit le vieux Barlet, il lui demanda en riant quelle était la mode française pour rendre une femme heureuse.

— C’est de l’aimer avec raison, et de s’en faire aimer à la folie !

Constantin secoua la tête.

— Je crains bien, répliqua-t il, que Petrowna ne soit la sagesse et que je ne sois la folie !

— Cela peut encore s’arranger, dit le vieux professeur. En matière de sentiment, les règles sont surtout faites pour donner du prestige aux exceptions.

Huit jours après le bal, la famille Pirowski quitta la campagne et revint au palais de bois. Constantin, sans fatuité, eût pu croire que Petrowna avait hâté ce retour, afin de rendre les visites de son fiancé plus faciles ; mais une certaine tristesse, ou plutôt un vague malaise que Constantin surprit, lui fit supposer qu’on n’avait déserté Slobudka que pour fuir l’ennui.

M. Pirowski, en effet, devenait morose et taciturne, surtout quand le major faisait sa station quotidienne.

Madame Pirowska accueillait au contraire Casimir avec un empressement solennel qui ne profitait guère au don Juan de la cavalerie, car c’était pour l’abandonner à lui-même et le délaisser com-