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L’ENNEMI DES FEMMES

ressentait. S’obstinant dans sa coquetterie, elle remonta d’un air de déesse dans le traîneau, comme s’il eût été le char de Junon traîné par des paons ! Diogène était arrivé, après tout le monde, avec un attelage splendide. Son traîneau, étincelant de dorures et de peintures, était orné d’un buste de femme couronnée, mais mâchant un mors dans sa jolie bouche, et ayant des serpents enroulés au lieu de bras.

Diogène se trouva sur le passage de Constantin.

— Eh bien, lui dit-il, est-ce demain que vous m’apportez de nouveaux documents, pour mes archives, de quoi compléter le dossier de Petrowna ?

— Ni demain ni jamais.

— Elle vous a donné votre congé ?

— En aucune façon.

— Alors vous lui préparez le sien ?

— Je n’y songe pas.

— Vous êtes patient.

— Je m’efforce d’être raisonnable.

— Ce qui m’étonne, s’écria Diogène, c’est que, voulant vous punir et se moquer de vous, elle n’ait pas choisi le major pour cavalier. C’est pourtant le vengeur breveté. Le choix de Melbachowski prouve une intention sérieuse. Si elle se moque de vous, il vous est facile de la contraindre bien vite au repentir. Vous souvenez-vous de votre belle danseuse de cet automne ? de l’Arménienne, si lourde à faire valser ? La voilà, c’est la reine de la fête ! Je me charge d’offrir une place au mari dans mon traîneau. Montez dans celui de la belle. Vous lui ferez