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L’ENNEMI DES FEMMES

honneur et plaisir ; elle veut se mettre à la mode ; votre hommage la lancera.

Constantin avait besoin, pour l’heure, qu’on lui fit perdre de sa dignité. Petrowna avait donné l’exemple. La diplomatie la plus banale est souvent la plus efficace en amour. Depuis la première bouderie d’amoureux, cette simple manœuvre a souvent réussi. Constantin, poussant un soupir, alla présenter ses hommages à la belle Arménienne.

Précisément son mari, banquier et diplomate, était au mieux avec le directeur du Cercle, et avec le gouverneur de la Galicie. On le croyait capable, et chargé de toutes sortes de missions. On ne doutait pas de son influence, non plus que de celle de sa femme.

Petrowna vit d’abord cette petite stratégie avec un sourire fier. Elle avait remarqué de loin l’échange de quelques paroles entre Diogène et Constantin.

Elle se dit tout bas que le railleur avait conseillé cette démarche. Sa haine de ce grand ennemi des femmes ne fit que s’en accroître ; peut-être son ressentiment envers Constantin ne s’en fût-il pas augmenté, si elle n’avait entendu dire assez haut par plusieurs jeunes gens :

— Constantin est un adroit ambitieux. Il va du gouverneur à la belle du gouvernement !

Petrowna devint rouge de honte à ces paroles. Quoi ! son fiancé pouvait être soupçonné d’un calcul pareil ! Ce n’était là qu’une calomnie, mais une calomnie rendue vraisemblable.

— Il en avait d’autres à choisir avant celle-là, s’il