Page:Sacher-Masoch - L’Ennemi des femmes, 1879.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
L’ENNEMI DES FEMMES

— Le choix ne sera pas long à faire.

— C’est possible, mais, je vous en prie, ne prenez pas Nadège pour vous assister. C’est bien assez du duel ridicule auquel vous m’avez obligé. Je ne veux pas qu’elle se mêle à un combat sérieux.

— N’ayez pas peur ! répliqua naïvement le major. Madame Ossokhine ne saura rien de notre rencontre.

Diogène parut satisfait : il tourna le dos à Casimir, se mit à fumer, plus lentement et plus raisonnablement, son cigare et, après une minute, sortit du café pour aller demander à Melbachowski et au comte polonais de lui servir de témoins dans un duel qui serait la revanche de l’autre.

Le lendemain, Diogène et le major se trouvaient en présence, dans un fourré, tout près de Troïza. Les témoins chargèrent les armes, réglèrent les distances et donnèrent le signal. Il n’y eut pas cette fois de générosité calculée : les deux coups partirent en même temps.

Quand la petite fumée bleuâtre qu’un frais brouillard maintint pendant une seconde sur le théâtre du duel se fut dissipée, on vit le major debout, immobile, très pâle, aussi blanc que sa veste blanche : Diogène était tombé, et la neige rougissait à côté de lui.

Pendant que Melbachowski et le comte polonais, avec le chirurgien qui avait été amené sur le terrain, se baissaient sur Diogène, les deux officiers qui avaient assisté le major se tenaient près de lui et lui serraient la main. Ils attendaient.