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L’ENNEMI DES FEMMES

Jaroslaw parut décontenancé.

— Ce n’est pas la première fois !…

— C’est possible ; mais, cette fois, ce nom arrive mal à propos.

— Quelle est cette Nadège Ossokhine ? demanda Constantin, fort surpris de l’émotion du philosophe.

Jaroslaw et Melbachowski gardèrent le silence. Diogène, qui avait froncé le sourcil, se rasséréna tout à coup et fit un geste qui permettait à ses amis de répondre.

— Comment ? dit Melbachowski, tu oublies le nom d’une des illustrations de notre pays ? Et pourtant, tu n’es amoureux que depuis trois heures ! Tu n’ignores pourtant pas l’existence du journal la Vérité ?

— Je crois en avoir vu le titre quelque part, mais je ne l’ai jamais lu.

— Il y a quinze jours que madame Ossokhine est arrivée ici, reprit Melbachowski ; elle est encore pour nous une étrangère ; elle rédigeait son journal à Przemvsl. Mais les persécutions du parti aristocratique polonais et du gouvernement l’ont décidée à venir ici, au cœur de la population petite-russienne. C’est une ennemie des hommes, comme notre ami Diogène est l’ennemi des femmes. Nous sommes les témoins de ces deux grands champions, qui paraissent impatients de commencer les hostilités. Diogène la hait beaucoup.

— Moi ! interrompit violemment Diogène, je ne la hais pas. Je l’ai vue seulement une fois, de loin