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L’ENNEMI DES FEMMES

et encore à cheval ! Une amazone est si peu une femme qu’on n’a pas de raisons de lui en vouloir. Je ne sais rien de plus sur elle. Pourquoi la haïrais-je ?

— Est-ce qu’on sait ? Peut-être elle ressemble à une femme que vous haïssez ?

— À ma femme ? repartit Diogène. Qu’en savez-vous ? Non, je ne la hais pas encore. J’ai seulement pour elle une défiance instinctive. Si elle n’est qu’un bas-bleu, je lui pardonnerai d’ajouter un ridicule à son sexe ; si elle prétend mettre au service de l’émancipation des femmes les ressources d’un vrai talent, j’applaudirai peut-être.

— Comment ?

— Eh ! sans doute ! vous ne voyez donc pas que, dans l’état actuel des choses, c’est l’homme qui a besoin d’émancipation, et non la femme. Cette prétendue infériorité des femmes nous tient sous le joug par la pitié, nous particulièrement, Polonais et Russes, au cœur tendre. L’égalité des droits de la femme signifie la délivrance.

— Alors vous êtes l’allié de Nadège ? il n’y paraissait guère !

— Je crains qu’elle ne soit qu’une femme plus jolie, plus coquette, plus dangereuse, par conséquent, que les autres. Mais si elle emploie son prestige à faire triompher des utopies, je n’entraverai pas son œuvre. Tout ce qui virilise la femme la diminue. Le jour où les femmes prétendront plaider, légiférer, commander un régiment, nous serons sauvés de