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L’ENNEMI DES FEMMES

Le major poussa un soupir. Diogène parut chercher, et reprit, après avoir fait attendre sa réponse :

— Je ne connais personne. D’ailleurs, dans huit jours, ce serait à recommencer, n’est-ce pas ?

— Oh ! mon Dieu, oui.

— Je sais un excellent moyen de vous ranger. Pourquoi ne vous mariez-vous pas ?

— Me marier ! y pensez-vous ?

Le major lança un regard éploré au ciel, comme s’il eût redouté de faire trop de veuves ; mais il dit cependant :

— Est-ce que vous auriez un parti à me proposer ?

— Certes, et même un brillant.

— Eh ! qui donc ?

— Petrowna Pirowski.

— Vous plaisantez.

— Je ne plaisante pas. Vous êtes le seul homme qui puisse maîtriser cette petite sauvage, et si vous parvenez à lui plaire, ce dont il ne faut pas douter, vous aurez conquis une jeune et jolie femme, avec 80,000 florins comptant…

— Mais, vous oubliez ma réputation ! dit le major avec un sourire d’effroyable orgueil.

— Je n’oublie pas, au contraire, que les femmes savent vous apprécier. La chronique vous reproche d’être un peu volage. Bah ! vous vous fixerez, et ce défaut-là rend un homme plus intéressant. Les femmes mûres aiment les novices ; mais les jeunes filles ne sont pas fâchées d’apprendre un peu d’histoire, dans leur premier roman.