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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/221

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LA FEMME SÉPARÉE

trottoir. Une forme noire avançait dans l’obscurité.

— C’est lui, murmura Julian très agité. Je vais l’arrêter, s’écria-t-il d’un ton ferme, et s’il essaie de la toucher du bout du doigt, je le terrasse.

Il traversa la rue rapidement. Turkul le suivit, la main à son sabre. Le passant s’était approché. La flamme d’un bec de gaz éclaira son visage. Ce n’était pas Kossow.

J’arrivais au même instant.

— As-tu le manuscrit ? demanda Julian.

— Oui.

Je le lui tendis ; il le mit sur sa poitrine. Je n’avais trouvé personne chez moi. Ma femme de chambre, une Russe qui m’était très attachée, rassembla à la hâte mes bijoux, mes robes et un peu de linge, et les apporta dans la voiture en pleurant à chaudes larmes. Turkul porta le tout dans notre villa, pendant que Julian m’accompagnait chez mon père. Celui-ci fut très effrayé en apprenant ce que j’avais fait. Il me blâma, me réprimanda rudement, mais convint que je ne pouvais demeurer un instant de plus avec Kossow. Quant au manuscrit, il le déclara très utile pour obtenir de Kossow, sans avoir recours au tribunal, une séparation formelle et le retour de mes enfants auprès de moi.

Du reste, le journal ne l’impressionna guère d’une