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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/222

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LA FEMME SÉPARÉE

manière désagréable. Les détails orduriers parurent lui plaire. Il lut le tout attentivement, prit plusieurs pincées de tabac, sourit et finit par dire :

— On peut être une sale brute ; mais dans ce cas on ne s’en fait pas gloire, et on ne l’avoue pas aussi franchement que ça.

Je passai la nuit chez mon père. Le lendemain, de grand matin, ma femme de chambre arriva, et me raconta que Kossow était rentré quelques heures après mon départ. Il était allé dans son cabinet, puis avait frappé à sa porte, en demandant où j’étais. La pauvre fille, qui avait peur de ses brutalités, avait dit, en poussant les verrous de sa porte, que j’étais partie, que je m’étais rendue chez mon père. Mon mari lui avait répondu par un grossier éclat de rire, puis il était rentré chez lui, et avait marché dans la chambre de long en large toute la nuit.

Vers midi, il arriva lui-même chez mon père, dans une fureur atroce. Mon père le reçut dans son cabinet. Kossow vomit contre moi les imprécations les plus infâmes. Il s’était aperçu de la disparition de son journal, et se sentait entièrement en mon pouvoir. Il prévoyait que je le forcerais à une séparation en règle et que, s’il ne cédait à mes revendications, je compromettrais publiquement Lodoïska, à laquelle il s’était attaché réellement. Il demanda à mon père, tout en me poursuivant de ses inju-