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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/261

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LA FEMME SÉPARÉE

mande comment il a eu la patience de supporter tout cela. Son idéal était mort, lui laissant, comme Hélène à Faust, un souvenir : ma grande pelisse, qui était encore accrochée à ma psyché, couverte de poussière.

Du reste, j’ai fait une remarque qui m’a souvent étonnée. C’est avec ardeur que les hommes recherchent en nous la poésie que notre apparition éveille en eux. Oui, ils recherchent en nous la poésie ; nous, la prose incarnée !

Julian n’était tranquille que lorsqu’il se retrouvait dans la rue, sa visite obligatoire terminée.

Et cependant il ne m’eût jamais quittée, oh ! non !

Mon Dieu ! j’avais été trompée si souvent, j’avais moi-même tellement trompé, qu’il m’était devenu impossible de me confier à un être qui m’aimait véritablement. C’est positif. Il m’était impossible d’être heureuse, de remplir mes devoirs, de vivre en paix. Ce qu’il y avait d’étrange, c’est que cet homme, qui avait lutté pour son amour et la liberté de cet amour, se sentait lié, même lorsque cet amour n’existait plus, et qu’il supportât ce lien sans murmures comme sans amertume.

C’est cet homme que j’ai repoussé, par la seule raison qu’il ne répondait pas à l’idéal que j’avais rêvé, et aussi parce qu’il n’était pas mon esclave,