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LA FEMME SÉPARÉE

— J’espère, dit-elle à son fils, que tu ne lui as pas donné d’argent, ou, ce qui serait plus grave encore, ta signature.

— Et si je l’avais fait, mère ?

— Ces canailles méritent leur sort, répondit-elle.

— Et Julian ?

— Mon Dieu, Julian fit la belle réponse du noble chevalier de la Manche, lorsqu’on lui reprocha d’avoir délivré des galériens.

« Les chevaliers errants ne s’enquièrent pas des motifs qui ont amené les opprimés à l’être ; ils ne demandent pas si c’est leur faute ou celle d’un autre. Leur devoir est de porter secours, et non d’accuser les affligés de leur propre malheur. »

— Et ce Mezischewski me semble, en effet, se rattacher à la race des galériens de don Quichotte, dis-je. Julian le sauva, le combla de bienfaits…

— Et il le trahit d’une manière infâme, s’écria Mme de Kossow, infâme, impossible ! Je commençai, lorsque les premiers froids se firent sentir, à cracher le sang, ce qui était une suite naturelle des crises que j’avais eues pendant l’été. Julian s’en effraya. Il vendit tout ce qu’il possédait pour me procurer le nécessaire ; il me demanda quel était le médecin en qui j’avais le plus confiance. Je lui dis que je n’avais confiance qu’en Mezischewski. Julian me conjura de