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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/274

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LA FEMME SÉPARÉE

pendant Julian travaillait toujours autant pour subvenir à mon entretien. Il se montrait de jour en jour plus réservé, plus froid, mais il ne m’adressait pas de reproches. Il ne fronçait même jamais les sourcils, bien qu’il vit que tous ces gens s’attachaient à moi comme des sangsues, qu’ils buvaient mon café et mon thé, fumaient mes cigarettes, et que Wally portait mes robes, mes fourrures et mes chapeaux, si bien que souvent je n’avais rien à me mettre.

L’anniversaire de Julian approcha, ce qui m’embarrassa énormément. Où le recevoir ? Comment célébrer cette fête ? Que faire, en un mot ?

Mezischewski me vint en aide.

— Il vous est impossible de ne pas fêter cet anniversaire, me dit-il en polonais. Julian s’en offusquerait bien sûr. Il faut vous sacrifier pour cette soirée.

Me sacrifier ! Nous en étions à parler de sacrifices maintenant, lorsqu’il était question d’un devoir qui jadis faisait mon bonheur.

— Personne ne viendra ce jour-là, ni Durak, ni moi, ni qui que ce soit. Et vous devez arranger un thé, quelque chose d’exquis.

— Du champagne, dit Wally.

— Oui, du champagne, répéta le noble Polonais.

— Et je mettrai ma jaquette de fourrures.