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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/273

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LA FEMME SÉPARÉE

Une carte de Mezischewski était piquée à une serviette. Au lieu de m’indigner, cette attention me ravit ; je ne réfléchis même pas que cela lui était facile de me payer des dîners fins avec l’argent des autres, avec l’argent du pauvre Julian.

En ce temps-là, du reste, il arrivait presque chaque jour une histoire. Wally Barwizka avait noué des relations avec un étudiant nommé Durak, qui lui avait promis de l’épouser et qui travaillait depuis cinq ans pour passer un examen qu’il manquait chaque fois.

Un soir, elle se jeta à mes pieds, me supplia en sanglotant de ne pas la repousser, et m’avoua qu’elle se sentait mère et n’avait pas le courage de retourner dans sa famille.

J’eus la faiblesse de la recueillir chez moi comme dame de compagnie. M. Durak vint constamment chez nous, à partir de ce jour, et en éloigna Julian par ses manières vulgaires, ses sales plaisanteries et ses bons mots bêtes.

Ma demeure était maintenant toujours remplie de monde. Je ne restais pas seule un instant.

Mme de Barwizka, ses filles, Wally et Ottilie, son fils, le joli hussard, le comte Henryk, Mezischewski, Blotnizki, Durak et ses amis. Bref, il ne nous était plus possible de jouir d’un quart d’heure de tête à tête, d’échanger un mot sans témoins. Ce-