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Page:Sacher-Masoch - La Femme séparée, 1881.djvu/294

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LA FEMME SÉPARÉE

Je vivais dans une terreur continuelle. J’avais peur d’une catastrophe, bien qu’il n’osât pas franchir le seuil de ma porte, la nuit, mais parce qu’il se tenait sous mes fenêtres des heures entières, me faisant des signes, en chantant des mélodies.

Comme il avait une peur atroce de Julian, il portait toujours, dans ce cas, un revolver chargé dans sa poche. Un soir, probablement pour prévenir Julian, il le lui montra en disant :

— Toujours sortir avec pistolet, la nuit. Beaucoup de vauriens à Lwow.

— Oui, répondit Julian, des vauriens de toute espèce.

Il traitait maintenant les émigrés avec le plus grand dédain.

— J’avais ce pistolet avec moi, — dit Mezischewski lorsque Julian lui rendit l’arme, — dans une bataille — Cosaques m’attaquèrent — mais demandèrent grâce tout de suite — quand ils virent le revolver.

Tout en parlant, il appuyait le canon du revolver sur la poitrine de Julian. Je fis un bond et lui arrachai l’arme des mains. Je croyais réellement que son intention était de l’assassiner. Julian sourit.

— Je t’en prie. Tu n’as jamais vu de Cosaques que dans les revues.

— Bien beau ! la revue.