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Page:Sacher-Masoch - La Pêcheuse d’âmes, 1889.djvu/107

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LA PÊCHEUSE D’AMES.

vous ; j’ai bon cœur et je vous l’ai donné, mais cela ne tire pas à conséquence, pas du tout.

— J’aurais cru que vous aviez un peu d’inclination pour moi, balbutia Pikturno avec timidité.

— De l’inclination ? — Bassi s’arrêta devant lui et le regarda effrontément en plein visage. — Pas la moindre !

— Si vous n’aviez que cela à me dire, reprit Pikturno, vous n’aviez vraiment pas besoin de me donner rendez-vous ici ; les occasions ne vous manquaient pas à Kiew.

— Eh ! savez-vous, s’écria Bassi en posant sa main sur sa hanche, dans quelle intention je vous ai fait venir ici ?

— Vous avez des caprices aujourd’hui, à ce qu’il semble, ma chère Bassi, » dit Pikturno.

Il se leva et chercha à la prendre par la taille ; mais elle lui échappa avec l’élasticité d’un serpent.

« Ne me touchez pas ! s’écria-t-elle ; et elle le repoussa.

— Je vois qu’il vaut mieux que je m’en aille.

— Allez-vous-en, essayez. »

Bassi se dirigea vers la fenêtre et lui tourna le dos.

« Bassi ! »

Elle ne bougea pas.

« Êtes-vous fâchée contre moi ? Qu’avez-vous donc ? là, au fond ? »

En ce moment on frappa doucement à la fenêtre. La juive ouvrit rapidement le rideau et frappa aux vitres de la même façon.

« Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Pikturno.

— Rien, répondit Bassi, qui alla au divan et s’assit. Venez près de moi. »

Pikturno obéit volontiers et la séduisante créature lui abandonna maintenant ses mains sans aucune résistance.

« Ce ne sont donc que des caprices ?

— C’est peut-être une ruse.

— Pourquoi faire ?

— Pour vous prendre.

— Moi ? Ne suis-je pas depuis longtemps en votre pouvoir, belle Bassi ?

— Sans doute, dit-elle en raillant, mais il ne suffit pas que l’oiseau arrive dans le filet ; il faut encore fermer ce filet, et c’est ce que je veux faire.

— Comment ? »

Elle le regarda d’une manière étrange, avec une expression