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EAU DE JOUVENCE

je paraîtrai bientôt devant mon juge éternel. Aussi vrai que j’espère mon salut, je ne mens pas.

Giselle leva la main comme pour un serment.

— Tu parles de mourir, que veux-tu dire ?

— Bientôt, ce sera pleine lune, murmura la jeune fille, tandis que de grosses larmes roulaient le long de ses joues. Chaque mois, à cette époque, l’une de celles qui sont au service de la Comtesse, disparaît.

— Comment cela ?

— Et toujours celle à qui c’est le tour de servir la maîtresse au bain, poursuivit Giselle d’une voix brisée. Cette fois, ce sera moi.

— Qui t’a mis ces lubies en tête ? dit Emmerich en souriant à l’enfant et en séchant ses larmes avec des baisers.

Au même moment, la Comtesse surgit.

Un éclair de haine et de joie sanguinaire passa dans ses yeux. Mais elle se contint, congédia Giselle d’un geste digne, et s’entretint avec Emmerich, comme si rien ne s’était passé.

Les jours suivants, le gentilhomme ne put apercevoir Giselle que de loin. Tous ses efforts pour se rapprocher d’elle demeurèrent infructueux. La Comtesse ne le quittait pas un instant. Enfin arriva