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EAU DE JOUVENCE

la nuit de pleine lune dont les habitants du château ne parlaient qu’avec une sorte de terreur.

Emmerich ne trouvait point de repos sur sa couche, l’image de Giselle se dressait devant son âme, implorant son secours. Alors il se précipita au dehors, escalada la muraille d’enceinte et en fit le tour. Il approchait graduellement d’un vieux corps de bâtiment à moitié effondré. Soudain, un cri perçant déchira le silence spectral du clair de lune.

Emmerich se dirigea du côté d’où l’appel semblait venir, mais ne découvrit rien. Une mortelle angoisse s’empara de lui. Giselle aurait-elle dit vrai ?

Il ne ferma pas les yeux de la nuit. Le lendemain, en se présentant dans la salle ou se réunissaient tous les convives du château, il avait le visage défait.

La Comtesse, enveloppée d’un peignoir léger qui faisait ressortir tous ses charmes, lui sembla de beaucoup plus belle encore que la veille, et comme rajeunie. Parmi les jeunes filles, Giselle manquait.

S’armant de courage, Emmerich s’enquit après elle.

— La misérable s’est enfuie en emportant une