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Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/112

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EAU DE JOUVENCE

jeune fille prise d’une soudaine audace. Je ne vous obéirai point, et si vous recourez à la force, mon frère me vengera plus tôt que vous ne le pensez.

— Des menaces ? s’écria la Comtesse en bondissant.

— Un avertissement, corrigea la jeune fille, sans baisser les yeux.

— Hors de ma vue, misérable, cria la Comtesse. Demain, de grand matin, tu quitteras ce château.

Isabelle s’inclina en silence et alla s’enfermer dans sa chambre. Elle attendit la nuit dans la prière et l’angoisse.

Quand tout bruit se fut éteint au château et que l’on n’entendit plus que le cri intermittent du hibou, sur la vieille tour en ruine, Isabelle ouvrit sa fenêtre, qui prenait vue sur la campagne, y plaça une lumière et y fixa l’échelle de corde qu’elle laissa glisser jusqu’à terre.

Une heure d’anxiété s’écoula. La jeune fille interrogeait du regard le paysage éclairé par la lune, et ne découvrait rien, ni de loin ni de près.

Les douze coups de minuit retentirent dans le silence. Isabelle retint son souffle… Quelque chose parut se mouvoir sur la route : elle se pencha. Non, elle s’était trompée, son frère ne venait pas. Elle