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EAU DE JOUVENCE

se sentit perdue et, au dernier coup de minuit, tomba sans connaissance sur le plancher.

Au même moment, Emmerich était réveillé par l’une des deux sorcières au service de la Comtesse.

— Qu’y-a-t-il ? demanda-t-il, encore tout endormi.

— Le bonheur vient en dormant, gloussa la vieille en montrant ses dents. Debout, ma belle, je suis chargée de te mener chez la Comtesse.

— Chez la Comtesse ?

— Ne perdons pas notre temps. Lève-toi.

Emmerich s’habilla en hâte. La vieille le prit par la main et le conduisit à travers des couloirs obscurs, puis le long d’un escalier plongé dans de profondes ténèbres. Enfin elle s’arrêta. Un rai de lumière glissa sur les pieds d’Emmerich. Une porte s’ouvrit. Le jeune homme se trouva soudain dans une salle éblouissante, meublée avec un luxe asiatique, et dont le centre était occupé par un bassin de marbre noir. La vieille avait refermé la porte derrière elle et s’avança vers une tenture qu’elle rejeta, en faisant briller ses dents d’un rire silencieux.

Emmerich poussa un cri. Sur un divan oriental, la Comtesse était étendue, belle comme nulle