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Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/123

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LA FEUILLE BLANCHE

cend avec gravité le long des barres de son perchoir doré, en criant de temps à autre : « Bonjour, petite».

Qu’elle est petite, en effet, son espiègle maîtresse ! une vraie figurine à tenir société aux bergères, bouquetières et autres bibelots de Sèvres qui encombrent le dessus de sa cheminée. Sa tête n’est point belle, mais ravissante par l’aimable bonté et la spirituelle exubérance qu’expriment surtout ses grands yeux gris, si clairs sous l’arc accusé et provocant des noirs sourcils.

Elle est vêtue d’un peignoir de satin rose orné d’une profusion de dentelles et formant un long pli creux dans le dos. Sa chevelure brune, sur laquelle la poudre de la veille n’a laissé qu’un léger frimas, est rassemblée sous une fanchon à nœuds roses. Des pantoufles de satin rose chaussent ses merveilleux petits pieds.

Un nègre, en culotte de soie et habit rouge, apporte, en une tasse d’argent, le chocolat de Madame, accompagné de pâtisserie fine, et les lui présente avec un respect aussi solennel que s’il avait devant lui une souveraine de France. Souveraine, elle l’est en toute vérité. Louis XV gouverne la France avec l’aide de Mme de Pompadour, mais,