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LA PANTOUFLE DE SAPHO

mugissaient le long des trottoirs. La Schrœder hésitait à enjamber les flaques d’eau qui la séparaient du lourd véhicule. Le Polonais fut aussitôt sur place, étendit son manteau sur le pavé, et elle put atteindre sa voiture, les pieds secs.

Cet exploit chevaleresque remplit de joie l’artiste, mais quand elle se pencha pour remercier son cavalier-servant, celui-ci, ramassant son manteau, s’était éclipsé.

Grillparzer que son drame romantique de l’Aïeule avait placé parmi les dramaturges favoris de l’Allemagne, au temps où la tragédie du Destin empruntée au théâtre espagnol, était de mode comme, de nos jours, le drame d’adultère français, venait de confier au Burgthéâtre une nouvelle pièce, intitulée Sapho. Quittant les abruptes sentiers romantiques, il reprenait la large voie classique où Schiller et Gœthe, après plus d’un écart, s’étaient également retrouvés. Le rôle de Sapho avait été écrit, non à la manière de nos ouvriers modernes, qui ajustent leurs rôles sur les acteurs, comme un tailleur ajuste un costume,