sement beau ! — c’est vous qui le recevrez et l’amènerez par l’escalier dérobé jusque dans ma chambre, et quand il partira, c’est vous qui le reconduirez.
— Je ferai cela ? s’écria Saint-Renaud, moi qui vous aime ? J’aimerais mieux me jeter dans la Seine.
— Vous m’aimez ? railla la comédienne.
— Comme un fou, un insensé que je suis. Je vous adore, femme sans cœur, achevez votre œuvre faites-moi mourir à vos pieds.
En prononçant ces mots, Saint-Renaud s’était précipité vers sa maîtresse et jeté à genoux.
La Gaussin répondit par un éclat de rire triomphant, pendant que lui se prenait la tête dans les mains pour dissimuler les larmes qui coulaient le long de ses joues.
Mlle Gaussin se leva doucement et alla dans la chambre voisine, d’où elle revint portant une cassette. Elle en retira la clé et en appliqua un petit coup léger sur l’épaule de son ami.
Saint-Renaud ne bougea point.
— Écoutez, Saint-Renaud, dit la Gaussin, sur le ton de noble fierté qui lui seyait si bien, vous me croyez capable d’un tel manque de cœur, d’une pareille ingratitude et d’une aussi vulgaire cupidité