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LA FEUILLE BLANCHE

que celle que je viens de vous simuler ? C’est un monstre que vous vouliez adorer à genoux, alors que, pendant une année, vous avez torturé la bonne petite Gaussin de vos abominables soupçons ? Vous devriez avoir honte.

Saint-Renaud se redressa et regarda la jeune femme avec stupéfaction.

— Ouvrez, continua-t-elle en lui tendant la cassette et la clé, ouvrez et lisez.

Le financier obéit. Dans la cassette, il trouva la feuille blanche qu’il avait revêtue de sa signature l’année d’avant.

— Lisez, répéta la Gaussin.

Il lut : « Je promets d’aimer éternellement ma petite Gaussin. »

Il lisait encore, que la feuille se mit à trembler dans sa main et des larmes coulèrent sur le papier. Enfin, il se laissa tomber aux pieds de l’angélique créature.

— Veux-tu me pardonner, mon ange, ma déesse ?

— Épargne-moi les phrases, je ne veux pas être ton ange, mais ton espiègle petite Gaussin.

— Aujourd’hui, seulement, je comprends quel joyau je possède en toi, s’écria le bienheureux fer-