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LA FONTAINE AUX LARMES

passe sous une voûte et pénètre dans la cour intérieure. Il ouvre une grille de fer ornée de riches arabesques dans le goût arabe, et la referme avec précaution, après avoir laissé passer son esclave. Ils se trouvent dans le vestibule du Khan Saraï. Ils foulent aux pieds un parquet de marbre recouvert de tapis, passent entre deux fontaines monumentales déversant leur eau limpide dans un bassin de marbre blanc, et gravissent l’escalier en plein air qui donne accès au premier étage ; puis ils traversent une suite de salles qui reçoivent de trois côtés, un jour atténué par des vitraux et de lourdes tentures.

Le plafond supporté par des colonnes et les murailles sont ornés d’un treillis en fer forgé et doré, du travail le plus délicat, se détachant sur un fond rouge. Les parquets en pierre sont couverts de nattes qui assourdissent les pas, tandis que le long des murs, les divans formés par des coussins de soie, invitent au repos. Les deux hommes reviennent par le même chemin, et le nègre, esquissant un sourire équivoque, ouvre une petite porte, tout juste assez large pour laisser passer un homme.

— Attends-moi ici, chuchote-t-il. Tu ne peux me suivre plus loin. Ici demeurent les belles