Aucun des habitants de l’Alhambra de Tauride ne remarqua le changement survenu dans la favorite. Seul, le regard aigu de la Géorgienne jalouse aperçut que l’ombre s’était évanouie du visage de Marie et que, parfois même, un sourire heureux l’éclairait. Par une sombre nuit d’orage, alors que le ciel, qu’aucune étoile n’éclairait était çà et là déchiré par la dure lueur des éclairs, Anaïd, couverte de voiles épais, se rendit dans les jardins pour épier les amants. Ce qu’elle vit parut à l’Orientale aveuglée de jalousie, la revanche si longtemps attendue. Le lendemain, lorsque le Khan vint au harem, Anaïd l’attira dans un bosquet de roses et lui glissa tout bas son sinistre secret. Kerim Gireïs ne prononça pas une parole. Il voulait voir par lui-même avant de sévir.
À l’ombre des hauts platanes, Marie reposait sur le cœur de son esclave, de son amant, lorsque, soudain, le Khan se trouva devant eux. Autour de lui, les eunuques et Anaïd, qui les conduisait.