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LOUP ET LOUVE

chevalier, j’avais choisi pour dame la blonde Marie de Ventadour, belle comme un doux clair de lune.

Elle accepta mon service et m’imposa les devoirs les plus rigoureux. Pendant sept ans, fidèle à mon vœu, je me tins comme un mendiant à la porte du paradis. Mais quel amant ne perd patience quand le supplice du renoncement se prolonge ? Je finis par exiger une preuve d’amour, la menaçant de me choisir un autre idéal. La ruse d’une amie de la belle Marie sut m’attirer dans ses filets. Elle fit de moi son vassal et, de nouveau, me laissa languir. Je m’en vengeai par des chansons. Mais mon infidélité à Marie me pesait sur le cœur. Je me croisai et partis en Terre sainte. À mon retour, je fis serment de renoncer à jamais au service des capricieuses et fantasques belles qui habitent des châteaux et ne sont fières et vertueuses que pour nous tourmenter, et j’engageai cette fille, rencontrée sur une route. Un moine nous maria à ciel ouvert. Eh bien ! je ne l’ai point regretté, car sous son corselet, bat un cœur joyeux et, sur son sein blanc, on repose aussi mollement que sur l’hermine des princesses.

— Et comment vivez-vous ?