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LOUP ET LOUVE

palefrois richement harnachés ; de hardis chevaliers et des troubadours experts en l’art du chant. Parmi les seigneurs, le premier rang appartenait sans contredit au comte de Foix, tant par sa naissance et sa fortune, que par ses avantages personnels. À peine eut-il pénétré dans le petit appartement qui lui avait été assigné dans le donjon, et se fût-il débarrassé, avec l’aide de son écuyer, de la poussière de la route, qu’il envoya un messager à la châtelaine, la priant de le recevoir.

Loba l’avait épié par la fenêtre de sa chambre à coucher, serrant nerveusement le rideau qui la cachait, le visage enflammé et les genoux tremblants. Mais, à sa requête d’être admis à lui rendre hommages, elle refusa net. Le Comte, dépité, tapa du pied avec une telle violence que ses éperons, son épée et son armure résonnèrent. Au bout d’une heure, cependant, s’étant fait annoncer pour la deuxième fois, il reçut une réponse favorable. La louve était seule dans sa chambre à coucher, assise sur un banc de bois sculpté recouvert d’un coussin moelleux, les pieds posés sur une peau de loup aux poils ébouriffés, et tournant le dos. Le Comte s’arrêta un instant sous la portière artistement drapée, mais la cruelle ne fit pas mine de se