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LOUP ET LOUVE

retourner. Il s’approcha et mit un genou à terre.

La petite fenêtre couverte d’un opaque rideau ne laissait filtrer qu’un filet de lumière, et un mystérieux crépuscule régnait dans la chambre. Seuls, les rouges reflets de la robe de velours et des cheveux ardents jetaient un éclair dans la pénombre, et l’hermine, caressant la nuque et les mains de la jeune femme, brillait comme la lune.

— C’est encore vous ? commença Loba d’un ton trahissant plus de contrariété que de plaisir.

— Ne vous en fâchez pas, ma belle châtelaine, repartit le chevalier. Il m’est impossible de rester loin de vous plus longtemps. Vous savez…

— Que vous m’aimez, noble Comte, interrompit la louve en laissant jouer ses doigts nacrés avec l’hermine de sa robe. Et puis après ? serait-ce un mérite ?

— Non, Madame, loin de moi la pensée de fonder sur ce fait des prétentions et des droits. Je viens en suppliant demander l’aumône de Votre faveur, une miette du riche festin de votre grâce.

La louve tressaillit, mais se contint.

— Donc, vous désirez ?…

— Porter vos couleurs au tournoi et combattre en votre honneur, comme votre chevalier, votre