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LOUP ET LOUVE

voûte, un aigle d’or aux ailes éployées paraissait tenir dans ses serres les plis de la toile. L’intérieur de la tente était jonché de verdure et de fleurs, et, le long des parois, de moelleux coussins s’étalaient sur des tapis, en forme de divans.

Seigneurs et dames descendirent de leurs montures qu’ils remirent aux mains des écuyers, qui les emmenèrent, tandis que la joyeuse société se dispersait dans les taillis par couples, ainsi que le permettait l’usage. Ceux qui eurent la chance de rencontrer une source, s’y installèrent, cueillant des fleurs et puisant de l’eau dans le creux de leurs mains, bavardant et faisant la cour ou se la laissant faire.

D’autres se contentaient d’un tronc d’arbre moussu, qu’ils partageaient avec les fourmis empressées et les lézards à reflets verts. D’autres encore, cherchaient l’ombre sous les buissons de mûres sauvages, ou se balançaient sur quelque branche de sapin courbée à terre par l’orage.

Quand on se fut retrouvé sous la tente fraîche où un abondant repas était servi, on but à la gloire des dames, en des coupes d’or. Puis on prit place sur les coussins, et ceux qui ne préféraient pas rêver ou écouter, contaient quelque nouvelle es-