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LOUP ET LOUVE

piègle et pimentée, dans la manière de celles qu’a rassemblées Boccace dans le Decaméron, chantaient un lai ou jouaient un air favori. Finalement, Dianed’Obilot proposa de danser. Les dames choisirent leurs cavaliers, des couples se formèrent et, se tenant les mains, organisèrent une ronde qui occupa la clairière presque en entier.

Raimond, qui évitait Loba autant que cela lui était possible, tenait le luth, Faidit la viole et le jongleur de Raimond, Vadriquet, la harpe. Toute l’assemblée chanta les paroles d’après la mélodie et, après avoir tourné en rond, se divisa en couples. La ronde, se reformant, ondula en figures diverses, autour de la prairie. C’était plutôt un gracieux balancement et des pas marchés, que des bonds et un tourbillonnement, qu’on ne voyait guère alors que sous les arbres villageois.

Loba dansait avec le comte Godefroy de Roussillon, sans perdre de vue un seul instant Raimond. Elle remarqua qu’il s’approchait aussi souvent que l’occasion s’en présentait, de Diane d’Obilot, sans s’interrompre de jouer et que, tout en suivant la mesure et dansant follement, il lui glissait à voix basse des paroles qu’elle accueillait d’un sourire encourageant.