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LA PANTOUFLE DE SAPHO

dienne. Nous autres artistes en manquons toujours. Ainsi, parlez franc. Que vous faut-il ? La maladie a tout absorbé ?

— Vous croyez cela ? repartit la vieille en souriant. Oh non, je suis devenue très économe. Avec ce que je dois à votre générosité, je puis encore vivre le quart d’une année.

La Schrœder avait ouvert son porte-monnaie et éclata de rire.

— Voyez, dit-elle, joyeuse comme une enfant, je voulais vous gâter et ne possède rien moi-même. Vous êtes en ce moment plus riche que moi. Je donne à Babette ce qu’il lui faut pour tout le mois, une fois qu’elle l’a dans ses mains, je n’ai plus le droit d’y toucher ; le reste passe par la fenêtre, je ne sais comment. L’important est que vous soyez momentanément à l’abri du besoin. Mais occupons-nous de l’avenir.

— Divine amie, si je pouvais entreprendre un petit commerce, un tout petit commerce, soupira la vieille actrice.

— Bon ; Et combien faudrait-il ? je n’en ai pas le moindre soupçon. Mille écus peut-être ?

La vieille femme eut presque une frayeur.