Gabaret. Les arbres frémissaient de temps à autre sous la brise fraîche et répandaient sur l’herbe autour d’eux, de claires gouttes de rosée, étincelant au soleil comme une pluie de diamants. Des merles noirs à becs jaunes, traversaient en courant le chemin. Sur les cimes, retentissait le gai sifflet des pinsons. Au loin, un bûcheron cognait un tronc d’arbre, et un pic, suivant la mesure, du bec, semblait parodier ses coups. Vidal allait toujours plus avant dans la solitude, une délicieuse et douce agitation amoureuse le poussait. Traversant une gorge entre deux hauts rochers, il perçut, dans un trou, le hululement d’une petite chouette et, peu après, le hurlement d’un loup appelant sa louve.
Le poète montait toujours. Pendant longtemps il chemina parmi les arbustes, sous lesquels luisaient des clochettes bleues et des baies rouges. Enfin, il atteignit la coupole d’une colline élevée et aborda une prairie d’un vert savoureux, piquée de fleurettes multicolores. Un torrent mugissant la traversait en se jetant dans la vallée ; des deux côtés, des brebis paissaient, des agneaux blancs et noirs, tous bien nourris et la laine brillante.